La circulation interfile des deux-roues motorisés, longtemps tolérée puis expérimentée, va bientôt appartenir au passé. Cette pratique, qui permettait aux motards de se faufiler entre les voitures dans les embouteillages, prendra fin le 1er janvier 2025. Une décision qui suscite de nombreuses réactions et soulève des questions sur la sécurité routière et la fluidité du trafic.

L’interfile moto : une pratique controversée

L’interfile, consistant pour les motocyclistes à circuler entre les files de véhicules lors d’embouteillages, a longtemps été un sujet de débat. Tolérée par les forces de l’ordre, cette pratique a fait l’objet d’une expérimentation officielle depuis 2016. L’objectif était double : améliorer la fluidité du trafic et évaluer l’impact sur la sécurité routière.

Initialement limitée à 11 départements, l’expérimentation a été étendue à 21 zones en 2021, principalement dans des régions à forte densité de circulation. Les conditions étaient strictes :

  • Autorisée uniquement sur les routes à terre-plein central
  • Vitesse limitée à 50 km/h pour les deux-roues
  • Différentiel de vitesse maximal de 30 km/h avec les autres véhicules

Malgré ces règles, la pratique est restée controversée. Les défenseurs de l’interfile arguaient qu’elle permettait de réduire les embouteillages, tandis que ses détracteurs pointaient du doigt les risques accrus d’accidents.

Bilan mitigé et décision d’interdiction

L’expérimentation, qui devait initialement se terminer en septembre 2024, a été prolongée jusqu’à la fin de l’année. Pourtant, les résultats n’ont pas été concluants. Un premier bilan en 2021 a révélé des données contradictoires :

Zone Évolution des accidents
France entière Diminution de 10%
Zones d’expérimentation Augmentation de 12%

Face à ces résultats mitigés, les autorités ont décidé de mettre fin à l’expérimentation. À partir du 1er janvier 2025, la circulation interfile redeviendra formellement interdite par le code de la route. Les motards devront désormais effectuer leurs dépassements en changeant de voie, comme les autres usagers de la route.

Conséquences pour les motards et la circulation

L’interdiction de l’interfile aura des répercussions importantes pour les conducteurs de deux-roues motorisés. Dès le début de l’année prochaine, les contrevenants s’exposeront à des sanctions :

  • Une amende de 135 euros (contravention de 4ème classe)
  • Le retrait de trois points sur le permis de conduire

Ces mesures visent à dissuader une pratique jugée risquée pour la sécurité routière. Toutefois, de nombreux motards s’inquiètent des conséquences sur leurs déplacements quotidiens. L’interdiction pourrait donc rallonger les temps de trajet et augmenter la congestion du trafic dans les zones urbaines densément peuplées.

Le retour à la législation antérieure à 2016 soulève également des questions sur l’adaptation des infrastructures routières. Certains experts estiment qu’il faudrait repenser l’aménagement des voies pour faciliter la cohabitation entre les différents usagers de la route.

Perspectives et alternatives envisagées

Face à cette décision, diverses pistes sont analysées pour concilier sécurité routière et fluidité du trafic. Parmi les alternatives envisagées :

  1. La création de voies dédiées aux deux-roues sur certains axes
  2. L’encouragement du partage de la route entre automobilistes et motards
  3. Le développement de systèmes de détection des deux-roues dans les véhicules
  4. L’intensification des campagnes de sensibilisation à la sécurité routière

Certaines associations de motards plaident pour une nouvelle phase d’expérimentation, avec des règles plus strictes et une meilleure formation des usagers. Elles soulignent que l’interfile, pratiquée de manière responsable, peut contribuer à fluidifier le trafic et à réduire la pollution en zone urbaine.

En attendant, les autorités misent sur la prévention et l’éducation. Des modules spécifiques sur le partage de la route pourraient être intégrés dans la formation au permis de conduire, tant pour les automobilistes que pour les motards. L’objectif est de favoriser une meilleure compréhension mutuelle et de réduire les comportements à risque.

L’interdiction de l’interfile marque un tournant dans la gestion du trafic urbain. Elle souligne la nécessité de repenser nos modes de déplacement et d’adapter nos infrastructures aux enjeux de mobilité du 21ème siècle. La sécurité routière reste une priorité, mais elle doit s’accompagner d’une réflexion globale sur la fluidité et l’efficacité de nos transports.