01. Oxymoron
02. Conséquence
03. Agneau sacrificiel
04. Lié à la crise
05. Symétrie
06. La loi
07. Oeil transparent
08. Trinité
09. Renouvellement
10. Prolongation
Révolutionnaires radicaux des premières évolutions du thrash metal, CORONER sont de retour pour récupérer le trône. Créé à l’origine en 1983, alors que ses membres étaient des roadies pendant GEL CELTIQUEle trio suisse était l’un des rares groupes à afficher un état d’esprit véritablement progressiste. Des albums comme « Plus de couleurs » (1989) et « Vortex mental » (1991) ont été acclamés par la critique mais largement ignorés par le reste du monde, mais au fil des décennies, l’influence de ces non-conformistes est devenue de plus en plus perceptible. Tout comme leurs homologues canadiens Voïvode, CORONER ont mis le feu aux règles au début de leur carrière, et au moment où ils ont sorti le glorieusement étrange de 1993 « Sourire »ils étaient devenus quelque chose d’unique et manifestement en avance sur leur temps. Lorsque la formation originale s’est désintégrée en 1996, l’histoire semblait définitivement terminée mais le temps a une drôle de façon de piquer les consciences.
« Théorie des dissonances » est le résultat de retrouvailles dont on parlait souvent à voix basse, mais qui ne semblaient jamais vraiment probables ni même possibles. Chanteur/bassiste Ron Broder et guitariste Tommy Vetterli spéculé publiquement sur du nouveau matériel dès 2015, et bien que l’on puisse pardonner aux fans d’avoir perdu espoir au cours de la dernière décennie, l’attente est terminée et CORONER sont de retour au complet, avec un nouveau batteur Diego Rappachietti compléter le cercle du personnel. Avec peu de pression à gérer, ce retour aurait pu prendre plusieurs formes, mais la bonne nouvelle est que « Théorie des dissonances » est destiné à rendre les fans inconditionnels et toutes les nouvelles parties intéressées très heureux. Produit par Vetterli et mixé par le grand Jens Bogrenc’est le meilleur disque que le groupe ait jamais réalisé, et les chansons qu’ils ont créées à partir de leur nouvelle source d’inspiration sont délicieusement lourdes et étranges. En quelques riffs, les gens les plus sensés trouveront de la place pour un riff de plus dans leur liste d’albums de l’année.
Une partie de CORONERL’attrait de était leur capacité à réinventer leur son à chaque voyage successif en studio. « Théorie des dissonances » est un album plus ciblé que ce à quoi on aurait pu s’attendre : les expérimentations et les tangentes psychédéliques de « Sourire » ont été mis de côté, et une nouvelle variété de thrash progressif, irréalisablement captivante, a été abandonnée à leur place. Mais contrairement « Plus de couleurs » ou « Vortex mental »cette collection musclée de nouveaux morceaux ne parie pas entre idées intelligentes. Plutôt, CORONER renaissent sous la forme d’une force métallique monstrueuse et mutante, et « Théorie des dissonances » est un manifeste approprié et tout neuf.
L’ensemble du disque semble instinctif, ce qui n’est pas une mince affaire quand on est un groupe vétéran avec plus de 40 ans d’expérience. Après une brève introduction désorientante, « Conséquence » éclate, mettant en valeur le nouveau, amélioré CORONER de la meilleure façon possible. Vetterliles riffs de sont anguleux et brutaux, BroderLes lignes de basse de sont aussi intuitivement étranges que jamais, sa voix est en grande partie inchangée par rapport à son précédent grognement granuleux, et RapachiettiLes compétences de batterie de ne pourraient pas être plus parfaites pour le travail à accomplir. À des kilomètres d’un fac-similé paresseux de leur première époque, il trouve l’équilibre parfait entre honorer le passé et préparer CORONER pour un avenir fructueux. Des éclairs mélodiques suggèrent une subtile maturation du processus d’écriture de chansons, mais en substance, « Conséquence » est une mise à niveau plus monstrueuse qu’une répétition fatiguée. Le tout vibre avec tellement d’énergie malveillante que l’écart de 32 ans entre les albums disparaît. « Agneau sacrificiel » est une création plus lente et plus méchante: des riffs abominables se heurtent à un groove furtif et carnivore, Broderle ci-dessous sombre et un solo époustouflant de Vetterli. « Lié à la crise » renforce l’atmosphère brumeuse, son maraudage et son thrash technologique soulevant de mauvaises intentions et d’agressivité. Il y a des clins d’œil à la lourdeur contemporaine dans « Symétrie »mais tout est alimenté CORONERLe prisme de particularité de et restitué avec une précision thrash astucieuse et très évoluée. Encore,VetterliLe solo de est à couper le souffle.
La qualité ne baisse jamais une seconde.« La Loi » saute du miasme d’introduction au blizzard de boue ornée, avec des riffs syncopés qui conduisent l’élan et des crochets sombres et mélodiques émergeant de la mêlée. Pas pour la première ou la dernière fois,« Théorie des dissonances » confirme queCORONER sont toujours un groupe de thrash metal, mais toutes ces années d’inactivité leur ont donné une tonne d’élan musical supplémentaire, et ils sonnent toujours aussi audacieusement originaux qu’en 1989.« Œil transparent » est un point culminant brillamment étrange, avec des rebondissements rythmiques, des riffs qui trompent et une section médiane aux yeux larmoyants qui puise dans l’aura curieuse du« Sourire » époque sans sacrifier une once de lourdeur.« Trinité » accélère le thrash, tout en pataugeant dans un épais brouillard de distorsion et de discorde ;« Renouvellement » est un assaut total, dur et méchant, et une démonstration éclatante de l’alchimie de ce trio ; et« Prolonger » est une coda finale convenablement maussade et meurtrière, avec plus de swing que le scrotum d’un éléphant, et des claviers progressifs espiègles bouillonnant en arrière-plan.
CORONER mérite un trophée pour le grand nombre de riffs tueurs sur« Théorie des dissonances »mais le résultat le plus remarquable est qu’après plus de trois décennies, ce groupe crée à nouveau une musique passionnante, intrépide et intemporelle. Il n’y a toujours rien d’autre comme eux.
